À bien des égards, le tressage de cheveux a des racines profondes dans la communauté noire. Depuis leurs origines en Afrique, en passant par l’esclavage et jusqu’à la culture pop d’aujourd’hui, les tresses ont longtemps été associées à la communauté noire. Le tressage de cheveux a une longue histoire d’innovation et d’adaptation dans cette communauté. Mais beaucoup ne réalisent pas à quel point ces racines sont profondes.
Depuis l’arrivée des premiers colonisateurs sur le continent africain, les cheveux afro ont été ridiculisés, moqués, discriminés et contrôlés.
Pourtant, nos cheveux et nos tresses sont une source de force et un symbole de la créativité que nous montrons au monde. Le tressage n’était pas seulement une coiffure dans l’Afrique ancienne, pour les esclaves noirs ou même pour les peuples d’Afrique ou de la diaspora africaine d’aujourd’hui. Nous utilisons littéralement nos tresses pour communiquer avec le monde.
Les tresses ne sont pas une tendance et encore moins dès qu’elles sont sur une tête blanche car elles existent depuis la nuit des temps et encore aujourd’hui.
Voici une brève histoire, présentée sous forme de liste, pour témoigner de la façon dont les coiffures tressées se sont adaptées au fil du temps, ont contribué à une nouvelle culture au début de l’Amérique et perdurent encore aujourd’hui partout dans le monde.
1# Les origines de la tresse africaine dans la préhistoire
Les premières traces de coiffure tressées, remontent à la « préhistoire », portées par deux femmes : La Dame de Brassempouy et la Vénus de Willendorf.
Ces deux statuettes qui datent d’environ 22 000 ans avant le présent, représentent toutes les 2 une femme aux cheveux tressés. Quand on les observe, on est frappé par leurs ressemblances aux phénotypes africains.
Ces statuettes prouvent que la tresse est la plus vieille coiffure du monde.
2# La tresse africaine dans l’antiquité
Puis, aux premières grandes anciennes civilisations africaines, telles que l’Égypte antique, ou la civilisation Nok, les membres, hommes comme femmes, portaient différents types de coiffures tressées dont les tresses collées ou tresses africaines.
Les sculptures en terre cuite Nok et les sculptures égyptiennes ou les tombeaux des rois égyptiens attestent de cela. Certaines femmes égyptiennes très coquettes rajoutaient des fils d’or dans leurs tresses.
On peut aussi citer le roi Tera Neter en Pays Kémèt (Égypte Antique) qui fut le premier à porter des cheveux coiffés en tresses.
3# Le tressage africain, un véritable art ancestral
Ensuite, les tresses se sont propagées jusque partout dans l’Afrique Noire. Parmi les différents peuples africains : Akan, Wolofs, Fangs, Peuls, Mandingues, Masaï,
Oromo, Bantous, Yoruba, Haoussas, Bamilékés etc, il existe une grande variétés de tresses africaines.
Chaque coiffure, quelquefois particulièrement compliquée à réaliser, a une signification précise, suivant l’âge, la condition sociale ou les différents événements de la vie, comme par exemple un mariage ou un enterrement. On notera que les tresses africaines n’ont pas uniquement un prétexte pratique. Il y a un véritable art qui se cache derrière le tressage en Afrique.
4# Les tresses durant la période de l’esclavage
Durant la période de l’esclavage, les africains ont d’abord utilisé les tresses pour cacher du riz ou des graines dans les cheveux des adultes et des enfants avant la traversé et la séparation dans les plantations, pour qu’ils puissent manger.
Puis, ils ont été confrontés à une perte d’identité. En voyageant par bateau d’Afrique vers l’Amérique, les marchands d’esclave ont rasé leur tête pour ce qu’ils considéraient comme des raisons d’ « hygiène ». Mais le but était beaucoup plus insidieux. Le crâne rasé était le premier pas que les européens ont fait pour effacer la culture des esclaves et altérer la relation entre l’africain et ses cheveux. On ne pouvait plus distinguer qui étaient les Mandingues, les Igbos, les Fulanis, les Ashantis, etc.
Puis, leurs cheveux ont repoussé, de même que leur culture est revenue à eux. De nombreux Africains ont ramené les tresses à la fois pour rester en contact avec leur patrimoine et pour affirmer leur indépendance. Cette coiffure correspond également à l’exigence que leurs cheveux devaient être soignés et bien rangés pour travailler dans les plantations. Mais ce n’était pas sans improvisation. Ils n’avaient pas les peignes et les traitements à base de plantes traditionnellement utilisés en Afrique. Alors les esclaves comptaient sur la graisse de bacon, le beurre et le kérosène pour nettoyer et traiter leurs cheveux.
Lorsque l’esclavage a été aboli, les femmes Noires d’Amérique avaient tendance à défriser leurs cheveux. Bien qu’elles étaient libres, ces femmes devaient tout de même s’efforcer de s’intégrer et la « bonne » coiffure était une façon de le faire. Les femmes aux cheveux raides, comme les femmes blanches, étaient considérées comme bien adaptées et mieux acceptées, mais en même temps, de nombreuses jeunes filles ont pu perpétuer la tradition des tresses et cornrows.
5# La popularisation des tresses afro
Plus récemment, aux 20ème et 21ème siècles, dans les années 1970, les immigrants ouest-africains ont apporté encore plus de style aux tresses en Amérique.
En 1962, l’actrice Cicely Tyson portait des tresses nigérianes lors d’une apparition à la télévision, dans la série « East Side/West Side », de CBS.
C’est aussi en partie le hip-hop, courant culturel d’origine afro-américain, qui a rendu cette coiffure populaire dans le monde. Cette popularisation a dû certainement se faire entre les années 70 (début du « hip-hop »), et 2000 (lorsque les musiques rap et RnB étaient très à la mode et que les stars de cette époque arboraient cette coiffure). Des artistes comme Ludacris, Lil’ Bow Wow, Alicia Keys, Beyoncé dans les Destiny Childs, ou encore des athlètes comme le basketteur Allen Iverson ont contribué à la popularisation des tresses africaines.
Dans les films et les séries Noirs américains, on a également pu voir les tresses se populariser. Comme par exemple avec “Shalika”, jouée par Regina King dans « Boyz in the Hood », en 1991. Avec ”Justice”, jouée par Janet Jackson dans « Poetic Justice » en 1993. Avec Queen Latifah, Jada Pinkett et Kimberly Elise dans « Set It Off » en 1996. Ou encore avec ”Denise”, jouée par Lisa Bonnet dans « The Cosby Show », entre 1984 et 1992 et Brandy dans « Moesha », en 1996.
6# Les tresses, un symbole de résistance ?
En Europe comme aux États-unis, des cas de discrimination à l’embauche ont été observés envers les personnes Noires portant des tresses. Aux États-unis, le mouvement de défense des afro-américains, Black Panther Party, n’a pas hésité à évoquer une discrimination raciale, estimant que renier cette coiffure africaine, revenait à renier le peuple Noir.
Aussi, Beyoncé avait choisi de porter des tresses dans son clip « Formation » et au milieu d’une escouade de femmes soldats noires sexy en afro dans « The Formation world Tour ». Alors qu’elle a souvent été critiquée pour ses tendances « eurocentriques ».
Les tresses sont de ce fait un emblème de la résistance.
7# Des célébrités mettent en lumière l’impact des tresses sur la communauté Noire
En 2009, l’acteur, producteur, réalisateur et humoriste Chris Rock a sorti le film « Good Hair ». Un film qui explore la réponse à une question de sa fille sur les raisons pour lesquelles ses cheveux ne sont pas considérés comme « beaux ». Dans le film, il visite des salons, des laboratoires et des temples indiens pour observer l’impact des coiffures sur la communauté Noire.
8# Les tresses africaines aujourd’hui
Aujourd’hui, les tresses collées sont toujours pratiquées par les populations d’origine africaine. Mais également par la diaspora, dont le Brésil, et les Antilles (petites comme grandes). Des stars Noires du monde entier ont porté et portent encore des tresses, le temps d’un événement ou parce qu’ils ont décidé que c’était leur coupe du moment.
Le soin et l’entretien de ces coiffures sont devenus une industrie de plusieurs millions de dollars. Certains salons de coiffure dans beaucoup de pays du monde se spécialisent dans les tresses et cornrows.
C’est un vrai symbole de beauté que les Blogueuses, Youtubeuses et Instagrameuses noires du monde entier valorisent en les portant à travers leurs photos, vidéos ou en faisant des tutoriels de coiffure.
Les tresses sont même une coiffure victime d’appropriation culturelle. Notamment par la famille Kardashian, lorsque Kim avait réalisé un tutoriel payant sur son application pour réaliser des tresses africaines nommé “KK Signature Braids”.
Ou encore lorsqu’on a donné d’autres noms aux tresses collées : les « Boxer Braids » (allusion aux coiffures des femmes boxeuses) ou encore les « Dutch Braids » (tresses néerlandaises), pour faire croire que ce sont des nouvelles coiffures non africaines qui existent.
Cela démontre comment la société occidentale perçoit négativement la communauté Noire et qu’elle aime notre culture mais pas ceux qui en sont les auteurs.
Cela dénote aussi un réel malaise et par la suite a créé la polémique sur le fait que lorsque les femmes blanches portent des tresses, ça fait plus classe et plus chic que lorsque ce sont les femmes Noires qui le font où l’on trouve que ça fait plus ghetto ou urbain.
Les propos de la blogueuse Fatou N’diaye de « Black Beauty Bag » attestent de cela. Selon elle, la société occidentale « a du mal à avouer que les tresses sont originaires d’Afrique et à mettre des mannequins Noirs pour illustrer ces modes-là. Elle préfère également trouver des noms plus « fun » qui ne vont pas faire trop africains ou trop Noirs ».
9# Les avantages des tresses africaines
Nous n’évoquerons pas les avantages de porter ce type de coiffure tellement la liste est longue. Mais l’un d’eux est qu’il permet de reposer nos cheveux, qui sont souvent agressés : coiffures à répétition, alimentation pas saine, manque d’hydratation, pollution, environnement non adapté, produits chimiques utilisés pour texturiser nos cheveux….
#10 L’origine des tresses est sans conteste africaine
Les cheveux crépus des Noirs, rendent plus facile la réalisation de tresses et aident à leur tenue qui sont plus longues dans le temps. C’est l’une des raisons pour lesquelles on ne peut qu’attribuer l’origine des tresses et des nattes à l’Afrique et non aux pays Européens, Asiatiques ou Américains. Comme on peut affirmer que les habitants de l’Égypte Antique n’étaient pas Blancs mais bien Noirs.
Cependant, c’est une coiffure que tout le monde peut porter.
De plus, il est vrai que les nattes font parties d’autres cultures capillaires comme celle des Vikings, des civilisations d’Asie, ou chez les aztèques. Mais la tresse, à la différence de la natte, est une figure qui reste plaquée contre le cuir chevelu, qu’elle parcourt en dessinant un tracé géométrique, à la façon des chemins de traverse ou des sentiers ménagés dans les champs de céréales (c’est de là que vient l’appellation américaine cornrow qui signifie « rang de maïs »). C’est ce qu’on nomme le plus souvent « tresse africaine« .
Elle se distingue en cela de la « natte » qui désigne exclusivement les entrelacements qui pendent du cuir chevelu, qui fait aussi partie de la culture noire.
11# Les tresses ont différentes formes et tailles
Les tresses et les nattes peuvent se porter longues, moyennes, courtes, attachées, détachées, en chignons, etc…
Pour Conclure…
Les tresses sont plus qu’une coiffure qui se porte depuis l’antiquité. Cet art ancestral est un héritage qui se transmet depuis la nuit des temps entre femmes, de mères à filles. Il a traversé, les époques, les siècles et les générations.
Les tresses sont de fortes représentations de la ”négritude” et de notre enfance. Elles sont donc un symbole puissant de la culture africaine qui perdure dans le temps.
Bonjour.
La dame de Brassempouy vient des Landes et la Vénus de Willendorf d’Autriche. Ce sont des européennes d’il y a environ 25000 ans.
Homo Sapiens est arrivé en Europe il y a 40000 ans. Mais… jusqu’à -8000 ans, les européens avaient la peau noire !
Ce sont des peuples venus d’Europe du nord et de Turquie qui ont apporté les gènes de la peau claire.
Donc les femmes modèles des statuettes étaient bien noires !
https://www.hominides.com/html/actualites/quand-les-europeens-sont-devenus-blancs-0917.php
moi même je suis noire et les gens blanche m’ont souvent touché les cheveux quand j’étais petite mais je ne savais pas que le racisme existait plus tard en secondaire j’apprends plus sur ma culture mais une fois une de mes amies m’explique que les tresses servaient a dit dans quelle direction les noir (esclave) allaient s’échappé.
je voudrais juste savoir si c’est vrai
La FRANCE et L’AUTRICHE font t’elles parties de L’Afrique ?!?!?!
1)La Dame de Brassempouy, appelée aussi Dame à la Capuche, est une figurine en ivoire représentant une tête humaine, datée du Paléolithique supérieur (Gravettien, 29 à 22 000 ans AP).
Découverte en 1894 en France, dans la commune landaise de Brassempouy par le préhistorien Édouard Piette, cette représentation iconique (de) de la Préhistoire constitue l’une des plus anciennes représentations réalistes d’un visage humain, et sans doute même la plus ancienne connue.
2)La Vénus de Willendorf est une statuette en calcaire du Paléolithique supérieur, attribuée au Gravettien, découverte lors de travaux de construction sur une ligne de chemin de fer en 1908 à Willendorf, en Autriche. Elle est conservée au Musée d’histoire naturelle de Vienne, en Autriche.